lundi 6 décembre 2010

Marie Antoinette


Un morceau friand
Marie Antoinette nait le 2 novembre 1755, à Vienne. Elle est le cinquième enfant de l’Empereur d’Autriche François Etienne et de l’Impératrice Marie Thérèse. A 4 ans, elle apparaît pour la première fois en public lors de l’anniversaire de son père. Elle chante quelques couplets en français, accompagnée au piano par deux de ses sœurs et au violoncelle par un de ses frères. Cependant, si elle s’adapte très tôt au parfait maintien d’une princesse, elle refuse de se plier aux contraintes de l’étude. Sa gouvernante se contente de lui enseigner les principes religieux et moraux.

En 1762, l’Empereur meurt. Préoccupée par l’avenir de ses Etats, Marie Thérèse considère que ses enfants sont au service de la dynastie. Elle confère le gouvernement de la Toscane, à son fils Léopold. Elle souhaite obtenir pour Marie Antoinette, l’héritier du trône de France, afin de sceller une alliance contre l’Angleterre et la Prusse. Les pourparlers sont engagés en 1764, mais la France se montre réticente. Louis XV décide d’envoyer l’abbé de Vermond, pour parfaire l’éducation de la jeune fille. Celui ci remplace les leçons et les exercices par des histoires et des devinettes. Le 13 juin 1769, Marie Thérèse reçoit la demande officielle de la France. On fixe la date du mariage au 16 mai prochain. Marie Antoinette a 14 ans, le dauphin 16.

Marie Antoinette se met en route et arrive à la frontière le 14 mai 1770. Le mariage a lieu à Versailles à la date prévue. La nuit de noce est un désastre. Les deux époux ne se sont pas touchés. Le dauphin est mélancolique, timide, introverti et complexé par un corps sans grâce. Il est persuadé qu’il n’intéresse personne et qu’on ne l’aime pas. Il ne se confie jamais, se retranche dans le silence. Il se croit indigne de son destin royal. La mort de ses parents le laisse aux mains d’un gouverneur, pensant que les femmes sont la cause de tous les malheurs. De plus, le dauphin craint la syphilis. Marie Antoinette s’efforce de l’apprivoiser et de mieux connaître sa famille. Elle se détourne vite de Louis XV, choquée par sa relation avec la comtesse du Barry. Avec les sœurs et nièces du dauphin, les relations sont distantes, car les filles sont avides de potin.

Marie Antoinette ne voit guère l’intérêt de l’étiquette de Versailles. Les bruits qui courent entre les courtisans, l’ennuient. Elle ne s’entend guère avec les vieilles duchesses. Elle ne partage pas non plus les gouts de son mari, pour l’étude et les sciences.


La petite reine
En 1774, Louis XVI devient roi et son épouse est désormais reine de France. Le peuple acclame Marie Antoinette, fier d’avoir enfin une reine digne de ce nom. Les femmes de ses deux prédécesseurs n’ont guère laissé de souvenir aux Français. Marie Antoinette tient à moderniser le protocole. Laisser libre par le roi, elle organise les divertissements à la cour. Elle éloigne les courtisans âgés et relègue les tantes du roi et ses belles sœurs dans une semi retraite. Elle s’entretient régulièrement avec Mademoiselle Bertin, son ministre de la mode.

En moins d’un an, Marie Antoinette, s’est constitué un cercle d’ami, qui l’éloigne de ses devoirs de représentation. En outre, elle fréquente la princesse de Guéméné, qui tient salon à Montreuil. Le duc de Louzun devient son chevalier servant. Déçue par son époux et n’ayant pas trouvé d’affection dans sa belle famille, elle cherche désespérément la personne, qu’elle pourrait aimer sans que cela pousse au scandale. La comtesse de Polignac devient sa meilleure amie et elle s’installe à Versailles.

Le roi et la reine ne se voient plus guère, ne partageant pas de loisirs communs. Les ministres sont heureux, car elle ne s’occupe pas de la politique. La reine préfère se rendre à Paris le soir, plutôt que de se coucher aux côtés de son mari, ne rentrant qu’au petit matin. En mai 1777, le frère de Marie Antoinette, l’Empereur Joseph II se rend à Versailles. Il lui révèle que leur mère est inquiète du fait que le mariage ne soit toujours pas consommé. Cela nuit à l’alliance avec la France. Joseph II s’entretient avec les deux époux, jouant le rôle de conseiller conjugal et de sexologue. Le mariage est enfin consommé et le 18 décembre 1778, Marie Antoinette donne naissance à une fille appelé Marie Thérèse. En 1781, nait un fils qui meurt huit ans plus tard. Le 27 mars 1785, un second fils nait, prénommé Louis, puis une deuxième fille ne vivant que quelques mois.


Un art de vivre princier
Revendiquant pour une reine le droit à une existence privée, Marie Antoinette entend se comporter aussi librement que le premier de ses sujets. Elle s’est constituée à Versailles un domaine, dont elle estime être la seule et unique maitresse. Aucun détail du décor et de l’ameublement ne lui échappe. Pourtant, elle n’éprouve aucun attrait pour la peinture, la considérant seulement comme décorative. Seul Madame Vignée Lebrun trouve grâce à ses yeux.
Trianon reste le symbole de son gout. Les jardins l’intéressent tout particulièrement et elle se refuse à l’aménager comme ceux de le Nôtre. Elle s’y installe pendant plusieurs jours à la belle saison. Tout appartient à la reine. Le roi ne vient qu’en simple visiteur. Nul ne peut pénétrer à Trianon sans son autorisation. Marie Antoinette se comporte comme une simple châtelaine. Elle abandonne les tenues de cour pour des vêtements plus simples. Le protocole est supprimé.

Marie Antoinette obtient de son époux la construction d’un petit théâtre à Trianon. Ce dernier est inauguré en juin 1780. Embrigadant ses beaux frères et ses amis les plus proches, elle constitue une troupe, appelée la Troupe des Seigneurs. La première pièce jouée en aout, est une comédie nommée Le Roi, le fermier et la Gageuse imprévue de Sedaine.

En 1783, les travaux du hameau de la reine débutent. Ils dureront quatre ans. Marie Antoinette croit y découvrir les réalités de la vie paysanne. L’image de la félicité mondaine et de la simplicité pastorale se rencontre dans ce hameau.


Parfum de scandale
N’ayant pas de favorite, Louis XVI se comporte avec son épouse, comme le plus attentif des courtisans. Marie Antoinette prend toutes les allures d’une maitresse en titre. Elle passe pour une créature sans mœurs, avide des deniers de l’Etat, dispensatrice de toutes les grâces et mauvaise conseillère du souverain. Ces bruits se répandent à la cour et dans le public, auxquels s’ajoute l’accusation de trahison envers la France. La reine a en effet commis plusieurs erreurs. Elle a combattu le duc d’Aiguillon, car il était peu favorable à l’alliance avec l’Autriche. Elle s’est mise à dos la puissante famille des Rohan. A l’inverse, ses amis détiennent le monopole des grâces et des faveurs. Elle continue à mener sa vie sans se soucier des libelles et des chansons. La reine ne sait rien de ses sujets et les considère comme des enfants turbulents, qu’il faut sans cesse rappeler à l’ordre.

L’affaire du collier vient achever de flétrir cette image. Madame de la Motte souhaite extorquer de l’argent au cardinal de Rohan. Elle lui fait croire que la reine veut se remettre en bon terme avec lui et lui apporte un faux contrat signé Marie Antoinette de France, par lequel, la reine s’engage à payer un somptueux collier en quatre versements. Le cardinal achète le collier et le confie à Madame de la Motte. Cette dernière dépèce le collier et revend les pierres. Les bijoutiers viennent trouver Marie Antoinette pour réclamer le premier versement. Stupéfaite, elle demande au roi d’enquêter.

Le 15 aout 1785, Louis XVI fait arrêter le Cardinal et le remet au Parlement de Paris, qui réussit à retracer toute l’affaire. Madame de la Motte est condamnée à être fouettée publiquement, marquée au fer rouge d’un V et emprisonnée à vie. Le Cardinal est acquitté. Cela ne réjouit pas le couple royal. Louis XVI demande la démission de Rohan et l’exile dans son abbaye de la Chaise Dieu en Auvergne. Cette décision rend furieux le Parlement et le peuple.


De Versailles aux Tuileries
A partir de 1787, Marie Antoinette commence à jouer un rôle politique. La mort de ses principaux conseillers, plonge le roi dans une période de dépression, à un moment où la France va mal. Redoutant tout changement à l’ordre établi, Marie Antoinette ne peut envisager de grandes réformes. Il faut à tout prix conserver la monarchie et le royaume tel qu’il existe. En 1789, les Etats Généraux transformée en Assemblée constituante, leur font peur. Le 5 octobre, les Parisiens marchent sur Versailles, pour protester contre la cherté du pain et pour ramener le roi à Paris. Marie Antoinette se rend au balcon. Son calme et sa dignité calment les ardeurs. Le couple royal se met en route pour la capitale.

Aux Tuileries, le roi et la reine vivent désormais dans une étroite intimité, avec leurs enfants. Ils n’osent plus sortir. Marie Antoinette apporte tout son soutien à son mari. Pour mettre un terme à la Révolution, elle demande l’aide de l’Autriche. Elle écoute Fersen, le suédois, dont elle est amoureuse. Ce dernier lui conseille de quitter la France. Mirabeau luttant pour une monarchie constitutionnelle avec un roi fort, lui dit la même chose. Louis XVI laisse le soin à son épouse d’organiser leur évasion. Elle s’en remet à Fersen, qui doit rapatrier le couple royal dans la forteresse de Montmédy, dans le Nord. Le 20 juin 1791, le couple quitte secrètement Paris, mais est arrêté à Varennes en Argonne.


Reine de tragédie
Le retour du roi à Paris est l’occasion de remettre en cause la nature du régime et de songer pour la première fois à la république. Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de son départ, Marie Antoinette répond, qu’elle n’a fait que suivre son mari. Elle continue de correspondre avec Fersen, Mercy et l’Empereur. Marie Antoinette feint de se rapprocher des monarchistes constitutionnels et fait du député Barnave son porte parole auprès de l’Assemblée. La constitution votée le 13 septembre 1791, est approuvé par le roi.

Aux yeux de son peuple, la reine est devenue un monstre assoiffé de sang. Il est vrai, qu’elle espère la défaite de la France contre l’Autriche. Le 9 aout 1792, une émeute éclate aux Tuileries. La famille royale s’enfuit et se réfugie à l’Assemblée. Les députés en profitent, pour voter la déchéance du roi et l’emmène à la prison du Temple. Le 11 décembre, le maire de Paris vient chercher Louis XVI pour le conduire devant la Convention, chargée de le juger. Marie Antoinette ne revoit plus son mari durant le procès. Se nourrissant à peine, elle dépérit, ne parle plus et pleure souvent. Ce n’est que le 20 janvier 1793, qu’elle revoit Louis XVI, pour apprendre sa condamnation à mort.

Après la mort du roi, Marie Antoinette sombre dans la dépression. Seul Fersen tente l’impossible pour la délivrer. Le 3 juillet, on lui retire son fils Louis l’héritier, pour le placer sous une étroite surveillance. On craint un complot pour le placer sur le trône. Le 2 aout, on le transfert à la Conciergerie. Tout le monde peut venir voir Marie Antoinette, contre rétribution. Un des visiteurs essaye de lui faire parvenir un message de l’Empereur, mais il est stoppé. A ce motif l’accusateur public, Fouquier-Tinville commence l’instruction du procès de la reine.

Le procès débute le 15 octobre 1793. Elle est accusée d’intelligence avec l’ennemi et de conspiration contre la sûreté de l’Etat. Marie Antoinette se défend vigoureusement. Jamais, le président du tribunal ne parvient à la prendre en flagrant délit de mensonge. Néanmoins, elle condamnée à la peine capitale et guillotinée.


Source
Texte : LEYER. Evelyne : Marie Antoinette
Image : linternaute.com

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